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L’İmaret dit mosquée du sultan Mehmed
Ce monument ottoman, construit à la fin du XVe siècle, s’élève au cœur de la ville fortifiée, depuis longtemps déserte, à l’opposé du château supérieur. C’est une très grande mosquée à coupole unique, soigneusement bâtie en appareil cloisonné coloré. La coupole s’étant effondrée, le bâtiment resta protégé. En 1943, des fouilles archéologiques révélèrent que, sous la mosquée, se trouvaient les fondations d’une très ancienne église qui fut identifiée avec Saint-Pantéleimon, bâtie par « l’apôtre slave » saint Clément d’Ohrid, qui mourut en 916. Cette église avait été le centre d’une célèbre école de littérature en ancien slave. Les ruines furent rendues visibles et accessibles aux visiteurs. Elles le restèrent pendant plus d’un demi-siècle. En 2003, toutefois, en dépit des furieuses protestations des Musulmans de Macédoine –protestations qui ne furent pas entendues en Europe– la mosquée fut démolie et une énorme église construite sur son emplacement. La décision de démolir une authentique mosquée pour la remplacer par un faux fut prise au plus haut niveau de l’État.
La grande mosquée d’Ohrid n’était pas en fait l’oeuvre du sultan Mehmed, comme le veut la légende populaire. La fondation est due à un certain Sinaneddin Yusuf Çelebi, connu sous le nom abrégé de Sinan Çelebi, un Ohrizâde mentionné dans la section vakf du registre de 1530, à la p. 388. La mosquée faisait partie du vakf de la zawiya et du muallimhâne de Sinan Çelebi, le plus important d’Ohrid selon le registre. Le regretté Hasan Kaleši découvrit et publia la charte de fondation originale, conservée dans une famille d’Ohrid. Il put ainsi réfuter une série de légendes pieuses mais erronées.
Le vakfiye est daté de la première semaine de juillet 1491 et a été rédigé dans la ville de Çatalca en Thessalie, l’ancienne Pharsale. Le sultan Bayezid II avait donné à Sinan Çelebi deux villages en pleine propriété, avec obligation de faire une fondation pieuse (procédure qui se retrouve, à la même époque pour le village de Susnitsa appelé à devenir la ville de Karlovo en Bulgarie). En dehors du revenu des deux villages, Sinan affectait à son vakf seize boutiques d’Ohrid, quatre moulins à eau, des champs, des vignes et des jardins. En 1530, le revenu total était de 22.045 akçe (soit dix années de salaire d’un bon maçon ou charpentier). Sur cette somme, l’İmaret devait également imputer le logement et la nourriture des « ayende ve revende ve fukarâ » ; ceci implique qu’il abritait aussi une cuisine de dimensions appréciables. Sinaneddin Ohrizâde mourut en avril 1493 et fut inhumé dans un türbe proche de sa fondation, que j’ai pu voir dans les années 1980.
En 1670, Evliya Çelebi mentionne la mosquée d’Ohrizâde comme la seconde de la ville, immédiatement après la grande église/mosquée de Hagia Sofia. Il note que, lorsque le sultan Bayezid vint à Ohrid (c’était au cours de sa campagne contre l’Albanie du Sud, en 1492), il admira la mosquée, c’est pourquoi son fondateur Ohrizâde lui en fit immédiatement cadeau. S’agissant de l’İmaret tout proche, Çelebi écrit : « Premièrement, voici l’imaret de la délicieuse mosquée opposée au château supérieur, que Ohrizâde donna comme un présent au sultan. Ici, matin et soir, un bol de soupe est fourni aux pauvres, en vérité à tous, gentilshommes et mendiants, jeunes et vieux, Chrétiens ou Zoroastriens » (Seyahatname, VIII, fol. 371a). Ces simples mots indiquent à quel point la classe dirigeante d’Ohrid, au XVIIe siècle, différait des décideurs d’aujourd’hui.
ENGLISH:
The Imaret said mosque of Sultan Mehmed
This Ottoman monument, built in the late fifteenth century, is at the heart of the walled city, has long been deserted, unlike the upper castle. This is a great domed mosque unique, carefully built in camera colorful cloisonne. The dome had collapsed, the building remained protected. In 1943, archaeological excavations revealed that under the mosque, were the foundations of a very old church which was identified with St. Panteleimon, built by the "apostle Slavic" St. Clement of Ohrid, who died in 916. This church was the center of a famous school of literature in Old Slavonic. The ruins were made visible and accessible to visitors. They remained for over half a century. In 2003, however, despite furious protests from Muslims in Macedonia protests were not heard in Europe, the mosque was demolished and a huge church built in its place. The decision to demolish the mosque for an authentic substitute a fake was taken at the highest level of government.
The great mosque of Ohrid was not actually the work of Sultan Mehmed, as is the popular legend. The foundation was due to some Sinaneddin Yusuf Çelebi, known by the abbreviated name of Sinan Çelebi, a Ohrizâde mentioned in Section Vakfi register 1530, at p. 388. The mosque was part of the Vakfi zawiya and muallimhâne Sinan Çelebi, the largest of Ohrid by the register. The late Hasan Kalesi discovered and published the original foundation charter, preserved in a family of Ohrid. He was able to rebut a series of pious legends, but wrong.
The vakfiye is dated the first week of July 1491 and was drafted in the city of Çatalca in Thessaly, the former Pharsalia. Sultan Bayezid II gave to Sinan Çelebi two villages in full ownership, with the obligation to make a religious foundation (procedure, which is found at the same time for the village of Susnitsa to become the town of Karlovo in Bulgaria). Apart from income from the two villages, Sinan affected his Vakfi sixteen shops Ohrid, four water mills, fields, vineyards and gardens. In 1530, total revenue was 22,045 akce (ten years salary of a good mason or carpenter). Of this amount, the Imaret was also charged housing and food for the "Ayende ve ve Fukara resell" this implies that also housed a kitchen of significant dimensions. Sinaneddin Ohrizâde died in April 1493 and was buried in a türbe close to its foundation, which I saw in the 1980s.
In 1670, Evliya Çelebi mentions the mosque Ohrizâde as the second city, immediately after the large church / mosque of Hagia Sofia. He noted that when the Sultan Bayezid arrived in Ohrid (it was during his campaign against Albania in the South, 1492), he admired the mosque, which is why its founder Ohrizâde immediately made him a gift. Regarding the Imaret nearby Çelebi wrote: "First, here's the delicious imaret mosque opposite the upper castle that Ohrizâde gave as a present to the sultan. Here, morning and evening, a bowl of soup is provided to poor, in all truth, gentlemen and beggars, young and old, Christians and Zoroastrians (Seyahatname, VIII, fol. 371a). These simple words reveal how the ruling class of Ohrid, in the seventeenth century differed from the makers of today.
see also : Mosque_Katip_Sinan_Qelebi James Michael DuPont (talk) 17:29, 22 January 2011 (UTC)